Patrimoine vivant Wallonie-Bruxelles


L’art de la marionnette de LiègeL’art de la marionnette de Liège

  • « Ma première rencontre avec cette tradition ? Je ne devais pas être si petit que ça, je devais avoir 7 ou 8 ans ! »
  • « Il faut suivre un marionnettiste, apprendre sur le tas, un peu comme le compagnonnage ! »
  • « Dans 20 ans, on ne jouera pas comme aujourd'hui (...) Tchantchès s'adapte à tous les âges, à toutes les époques !»

C'est quoi ?

"Brille donc, noble artiste au temple de Mémoire ; le cri d'un peuple est celui de la gloire"

Fabre d' Eglantine, Le triomphe de Grétry, 29 septembre 1780

La marionnette liégeoise

« La marionnette liégeoise est composée de 8 à 10 morceaux sculptés dans du bois généralement du tilleul. Ces pièces sont articulées entre elles par un système de fers. Les bras sont souvent attachés au corps par des pièces de tissus. Un crochet en fer, appelé tringle, vient s'imbriquer dans un python au sommet de la tête et permet la manipulation du personnage. La manipulation reste simple : de petits mouvements circulaires au niveau de la tête et un balancement des jambes et des bras, guère plus. Le déplacement se fait plus par sautillement que par une marche proprement dite. » (*)

Fabrication d’une marionnette au théâtre à Denis © Ooh ! Collective
Fabrication d’une marionnette au théâtre à Denis © Ooh ! Collective

Le répertoire est composé de romans de chevalerie, de contes ou d’histoires populaires, de pièces religieuses et de pièces wallonnes.

Parmi les personnages, on trouve Charlemagne, la plus grande et la plus belle marionnette de toutes, Roland, les quatre fils d’Aymon ou encore Tchantchès, le plus populaire de tous. Ce personnage, qui avait pour rôle d’annoncer les entractes devient au fil des temps un des personnages principaux.

« Il est convenu d'admettre que Tchantchès qui discute avec son public, qui rit avec lui et qui se fait interpeller sans arrêt, a été inventé par Léopold Leloup. Ce marionnettiste propriétaire du théâtre impérial voulait attirer dans son petit théâtre de la rue Roture, un public plus aisé. 
Il avait remarqué dans le fond de sa salle un groupe régulier de trois ou quatre étudiants en médecine à l'hôpital du vieux Bavière. Mr Leloup créa, vers 1870, un petit personnage, un autoportrait, vêtu d'une grande blouse blanche… Ce personnage nommé Tchantchès commença à parler avec les étudiants présents. Il discutait avec eux, racontait des blagues, des sketches… Les étudiants vinrent de plus en plus nombreux et le prirent en affection.

Tchantchès était né. Les autres théâtres du quartier, voyant le succès de leur collègue l'imitèrent et c'est comme ça que Tchantchès se propagea dans tous les théâtres de la ville.
Cependant il ne reçut pas partout le même accueil. Dans certains théâtres il resta un personnage de second rang, alors que dans d’autres, il devint une vedette écuyer de Roland, ou confident de Charlemagne et intervenait à tout moment.

Il devint alors le héros de toute la ville et un monument-fontaine lui fut érigé sur la place du marché près du perron où se tenait chaque année, à l'époque, un marché aux marionnettes. »(*)

La légende de Tchantchès

« Tchantchès, d'après une tradition locale émaillée de bien naïfs anachronismes, est né à Liège, de façon miraculeuse, le 25 août 760 : il vint au monde entre deux pavés du quartier d'Outre-Meuse, actuellement République Libre d'Outre-Meuse. Les braves gens qui le trouvèrent furent merveilleusement étonnés de l'entendre chanter, dès son entrée dans la vie: "Allons, la mère Gaspard, encore un verre !". C'était un bébé joufflu, goulu, riant sans cesse; toutefois, il boudait à la seule vue de l'eau; pour le rendre tout à fait aimable, son père adoptif lui faisait sucer un biscuit trempé dans du pèkèt; il le sevra avec un hareng saur et son pupille en contracta, pour le restant de ses jours, une soif inextinguible. Comme tous ceux qui sont appelés à une grande destinée, Tchantchès connut les déboires de l'existence: à la cérémonie du baptême, la sage-femme lui cogna si malencontreusement le nez sur le bord des fonts sacrés que l'appendice nasal du pauvre enfant se mit à s'allonger démesurément et le faciès de l'innocente victime en devint ridicule au point qu'il servit de modèle pour les masques de carnaval. Plus tard, atteint de la rougeole, le bambin fut obligé de prendre de l'eau ferrugineuse: constant guignard, il avala un morceau de fer à cheval qui lui resta dans le gosier. Dès lors, il ne sut plus tourner la tête que de gauche à droite et de droite à gauche, il dut désormais se mettre à plat ventre pour fixer le sol et sur le dos pour regarder en l'air. À cause de son pif cyranesque, Tchantchès hésita d'abord à sortir de chez lui, mais bientôt, son instinct de liberté lui fit affronter la foule et il s'offrit à faire Saint-Måcrawe, c'est-à-dire, à être porté tout barbouillé de noir de suie sur une chaise à porteurs soutenue et escortée par tous les gens du quartier . Cet événement mémorable eut lieu la veille de l'assomption de l'an 770. Il connut le grand triomphe et s'aperçut bientôt que la laideur, accompagnée de l'esprit et de bonté d'âme, sait se faire aimer . Depuis ce jour, il fut sacré "Prince di Dju d'là Mouse" (Prince d'Outre-Meuse) . Un jour en flânant au bord de la Meuse, il fit la rencontre de l'Évêque Turpin et de Roland, neveu de Charlemagne. Turpin morigénait Roland sur ses déplorables résultats en latin. Tchantchès, avec son impertinence habituelle, intervint dans la conversation et, pour mettre d'accord maître et élève, prononça cette sentence profonde : "Oui, Seigneur Chevalier Roland, le latin ne sert à rien du tout, mais est très utile quand même". "Quel est ce manant ?" demande Roland. "Tchantchès, Prince de Dju d'là, pour vous servir Seigneur Chevalier" . L'Évêque Turpin regarda notre ami avec complaisance : "Et bien, Tchantchès, je vais te présenter céans au grand Empereur Charlemagne, tu serviras dorénavant de compagnon à son neveu Roland". Et c'est ainsi que Tchantchès fut introduit à la cour de Charlemagne.

Tchantches et Charlemagne © Ooh ! CollectiveTchantches et Charlemagne © Ooh ! Collective

Vint la brillante expédition d'Espagne. L'histoire fourmille d'anecdotes très intéressantes, montrant le degré d'intimité que Tchantchès avait pour Charlemagne. C'est ainsi qu'un jour, il entra délibérément dans la tente de l'Empereur qui prenait un repas de grand gala et qui lui dit en avalant une bouchée : "Que veux-tu Tchantchès ? Laisse-moi manger mes moules". Une autre fois encore, il sert de chambellan à l'auguste guerrier : "Sire Empereur, l'Ambassade du noir nègre, Roi de Marsille, désire vous parler" ."A combien sont-ils ?" "Ils ne sont qu'à un" "Alors qu'ils entrent tous par deux et que le dernier ferme la porte". Tchantchès ne quittait Charlemagne et Roland ni la nuit ni le jour: en toutes circonstances, dans les conseils privés et sur le champ de bataille, toujours il était là pour les aider de ses avis judicieux ou de ses terribles coups de tête, car Tchantchès était le champion des soukeus de Dju d'la. Voici la façon de combattre de Tchantchès : sans lance, sans épieu, sans épée, pour gonfanon un mouchoir rouge autour du cou, pour bouclier, son sarrau bleu, pour heaume, sa casquette de soie noire ajustée en un tour de main sur son crâne solide comme du roc. Il crache dans ses mains, empoigne l'adversaire par les deux épaules, et pan ! En plein dans le sternum, lui lance un coup de tête qui lui brise les côtes et l'envoie dans un monde meilleur. Nulle cuirasse, si solide soit-elle, ne peut résister à ce magistral bélier; tout homme atteint par Tchantchès est un homme mort, et lui-même grâce à son nez béni est invulnérable. Pendant la bataille de Roncevaux, Roland trop téméraire, envoya dormir Tchantchès, qui bâillait durant le combat et qui, pour sa part, avait fracassé les côtes d'au moins trois mille Sarrasins. Ce fut la seule cause du fameux désastre. Quelle que ne fût pas la douleur du héros liégeois en contemplant avec Charlemagne, le corps inerte du preux Roland ! Pour mieux témoigner de sa tristesse, il ôta sa casquette et s'arracha des poignées de cheveux (c'était la coutume à l'époque) en prononçant cette homélie funèbre : " Sire Empereur, votre vaillant neveu a s'daye, nous le vengerons ! " Tchantchès accompagna son maître au siège de Saragosse et ce fut lui qui franchit le premier les remparts de la ville. De retour à Aix-la-Chapelle avec la cour Impériale, il assista au châtiment du traître Ganelon. Ce félon devait être écartelé, mais Tchantchès s'y opposa. Il voulut et obtint que le comte infidèle fut noyé dans une cuve d'eau distillée, supplice que notre homme trouvait le seul logique, en l'occurrence, parce que bien souvent à Liège il avait entendu chanter : " Lâche, va-t-en, je te renie.À toi l'opprobre et le mépris ! " Ce qu'il comprenait ainsi: à toi l'eau propre et le mépris. Tchantchès, malgré les objurgations de l'Empereur, revint dans sa bonne ville de Liège et ne se consola jamais d'avoir dormi pendant la dernière phase de la bataille de Roncevaux. Après une franche ripaille, il mourut de la grippe espagnole et fut enterré à l'endroit même où s'élève son monument, place de l’Yser. Rien n'a pu le terrasser, ni même l'amour, car il resta célibataire, ni même la vieillesse, il s'éteignit à l'âge de 40 ans ! Regretté par toute la population, il est resté le prototype du vrai Liégeois : mauvaise tête, esprit frondeur, grand gosier, ennemi du faste et des grandes cérémonies, farouchement indépendant, mais cœur d'or et prompt à s'enflammer pour toutes les nobles causes. »

Jean Bosly

BOSLY, Jean. Légende de Tchantchès [en ligne]. Disponible sur : <http://www.tchantches.be/legende.htm> (consulté le 21 juin 2012).

« Il faut préciser que la légende fut écrite en 1939 pour l'exposition internationale de l'eau, mais ne sera publiée qu'en 1956 suite à la création du "Musée Tchantchès" en Outremeuse.

Cependant, comme toute légende, elle est assez éloignée de la réalité, car le spectacle le plus joué à l'heure actuelle est encore Li Naissance, la Nativité, spectacle dans lequel Tchantchès donne son étable à Joseph et Marie et cela près de 760 ans avant sa propre naissance - selon la légende de Jean Bosly. » (*)

(*) D’après Denis FAUCONNIER, marionnettiste et directeur du Théâtre à Denis

Ça se passe où ?

Le quartier d'Outre-Meuse, berceau du théâtre traditionnel populaire des Marionnettes liégeoises (env. 1850) est situé dans la ville de Liège en Belgique. Suivant la légende, c’est ici que naquit Tchantchès.

« C'est en 1927 que des journalistes et des personnalités du quartier d'Outre-Meuse, après un voyage à Paris où ils avaient pu apprécier les réalisations de la Commune Libre de Montmartre, décidèrent de créer une association similaire. Le 11 juin 1927 allait voir la création du premier "Gouvernement" de la République Libre d'Outre-Meuse, avec son Président, son Maïeur et ses Ministres. Les buts de l'époque étaient de servir le folklore et de pratiquer la philanthropie. » En 2012, son "gouvernement" est composé d’une vingtaine de personnes bénévoles élues pour 5 ans

Musée Tchantches et la République Libre d'Outre-Meuse. Un peu d’Histoire [en ligne]. Disponible sur : <http://www.tchantches.be/rlom.htm> (consulté le 21 juin 2012).

Buste de marionnette © Ooh ! Collective
Buste de marionnette © Ooh ! Collective

Un brin d’évasion

Le théâtre de marionnettes de Mamulengo Presepada, dans le Nordeste brésilien

Le théâtre populaire de marionnettes connu sous le nom de Pernambuco est né dans une atmosphère délirante d’un pèlerinage en hommage au Père Cicéro Romao, chef religieux et politique de la première moitié du XXe siècle. Ce dernier, dans la lutte pour le pouvoir, avait fait une alliance avec le plus célèbre des bandits brésiliens, afin de combattre la progression du communisme. Bien que méprisé par le Vatican, le Père Cicero a été canonisé par le peuple.

Il est aujourd’hui toujours vénéré dans une dévotion d’une ferveur mystique où s’entremêlent pénitents, marchands de toutes sortes, photographes et musiciens, où le personnage du Saint-Père côtoie Jésus-Christ, des princesses ou des guerriers médiévaux... On peut y entendre l’histoire du Saint récitée en vers par des enfants ou des tournois de chansons improvisées mêlant amour, guerre, faits historiques ou fiction.

C’est dans cette ambiance délirante qu’on peut découvrir un panneau recouvert de tissu qui attire l’attention du public. Les marionnettes, à gant ou à tige sont des personnages hauts en couleur bien connus du public. Elles se déhanchent, font des pets, font rire les spectateurs. L’histoire, issue du répertoire, est mêlée à de l’improvisation et à de nombreux dialogues avec le public.

Les pièces, selon l’inspiration du marionnettiste et la réactivité des spectateurs, peuvent durer jusqu’à quatre heures.

Un brin d'histoire

L’origine du théâtre de marionnettes liégeoises

L’origine du théâtre de marionnettes à Liège est assez incertaine et plusieurs versions sont avancées.

« La version la plus commune situe la naissance de ce théâtre à la première moitié du XIXe siècle. M. Salme, dans son roman Li Houlot, raconte que le père de Gilles Conti avait fait la connaissance d'un Français du nom de Talbot, établi depuis longtemps à Liège. Ils s'entendirent pour créer un théâtre de marionnettes qui fut imité par d’autres par la suite.

Selon une autre version, Conti n'aurait pas apporté la marionnette liégeoise, mais les marionnettes d'intermèdes. Totalement disparues de nos jours, elles servaient aux alentours de 1860, entre les spectacles de chevalerie. Souvent à fils, pas systématiquement faites de bois, elles représentaient un jongleur, un musicien ou un magicien. Robert Willé, petit-fils du marionnettiste liégeois Crits, a recopié les marionnettes de son grand-père, dont L'homme qui s'dismousse, « L'homme qui se déshabille ». C’était une marionnette à fils qui sevrait d'intermède et avait la particularité de se déshabiller en scène en révélant un caleçon dont le fond était peint en brun..., ce qui faisait beaucoup rire les gens de la fin du XIXe siècle.

Ce qui vient corroborer cette version, ce sont les personnages dont M. Salme dote le théâtre Conti. Il parle de « Polichinelle avec une bosse dans le dos et une autre sur le ventre, qui vient souhaiter le bonjour à la compagnie en ôtant son chapeau qu'il fait rebondir comme un ballon, d'un pied et d'une main à l'autre, puisqu'il rejette sur la tête aussi adroitement qu'un faiseur de tours », chose totalement impossible à faire avec une marionnette liégeoise traditionnelle. 
De plus, Conti est Toscan et aurait exercé le métier de potier-céramiste. On peut alors supposer que ses marionnettes devaient être en céramique ou en terre cuite du style de certaines marionnettes actuelles de Venise…»

Outils de fabrication des marionnettes © Ooh ! Collective
Outils de fabrication des marionnettes © Ooh ! Collective

Une paternité controversée

Plusieurs éléments semblent incohérents à propos de Conti en tant que montreur principal de ce théâtre :

«Durant la période où il réside en Outremeuse Conti est illettré et ne sait pas bien parler français. Il est difficile d’imaginer comment il aurait pu faire la renommée d'un théâtre quand on sait la verve que cela demande. 

On peut se questionner également sur le fait que Conti, en tant que figuriste, choisisse la sculpture sur bois plutôt que de travailler ses matériaux de prédilection.

Il était associé avec un Français nommé Talbot pour ouvrir son théâtre. Dans la description que Auguste Hock nous fait de Conti, il parle " du Houlé Conn'ty " Or aucun témoignage ne nous dis que Conti était infirme et qu'il boitait… Par contre son associé Talbot avait un pied bot suite à une fracture de la jambe.

L'écriture du nom Conti donnée par Hock est "conn'ty" et celle de Legros est "con'ti" sûrement à cause de la prononciation. Or "conn’ti" pourrait se traduire en français par "avec toi". On peut imaginer qu’il s’agirait d’un jeu de mot employé par les deux associés. 

Conti revend son théâtre aux frères Henne en 1868 après que Talbot ait décidé de créer sa propre troupe fin 1867 reprenant ainsi la succession d’un théâtre itinérant de type Guignol.

Salme décrit 2 types de marionnettes utilisées chez Conti : d’une part un pantin superbe et jonglant manipulé par des fils et d'autre part des pantins mal dégrossis dont certains avaient le corps bourré de paille. Il est possible de penser que le pantin jongleur était l'œuvre de Conti qui aurait reproduit en plâtre le type de marionnettes toscanes de son enfance et que les autres soient de Talbot.

D'après les dires de François Pinet dans son livre sur sa famille, son arrière-grand-père Mathieu Pinet (1825-1889) qui à connu Conti, aurait commencé à jouer des marionnettes fin des années 1840. Il ajoute même dans son livre qu'en 1835 son grand-père jouait déjà chez lui avec des pantins bourrés de paille… Son fils Pierre-Paul reprit le métier de son père en 1870. 

Les écrits d'Auguste Hock mentionnent un autre théâtre en petite Bêche, à la même époque, voire une époque antérieure à celui de Conti.  Dans son livre, certaines des personnes interrogées citent la date de 1826 pour un premier théâtre sédentaire de type liégeois, et du théâtre de Marchand en petite Bêche vers 1835-40.

Il est donc certain que le théâtre Conti fut très connu et réputé, mais il n’est pas évident qu'il ait été le premier théâtre fixe à utiliser des marionnettes suspendues par la tête. Il est possible qu’il ait été confondu avec son associé Talbot, ce qui donnerait à ce dernier et aux frères Hennes, réputés pour leur verve, la paternité de sa renommée.

Il semble bien qu’il y ait eu d'autres théâtres avant Conti et bien que nous ne sachions pas la date exacte de la création du premier théâtre sédentaire à utiliser des marionnettes à manipulation par le dessus, ni le nom de son propriétaire, on peut estimer que le type des marionnettes liégeoises à vu le jour vers 1830. »

Denis Fauconnier,
Marionnettiste et directeur du Théâtre à Denis.

Fabrication d’une marionnette au théâtre à Denis © Ooh ! Collective
Fabrication d’une marionnette au théâtre à Denis © Ooh ! Collective

Un brin de poésie

« ... Le seul fait de rêver est déjà très important.

Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir,
et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ceux qu'il faut aimer
et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil
et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence,
Aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d'être vous. »

Jacques Brel – 1er janvier 1968

Petit abécédaire

ALEXANDRO CONTI : montreur de marionnettes toscan, il serait selon certaines versions à la naissance des marionnettes liégeoises. « Il nait en 1830 dans un village du Grand-duché de Toscane. En 1853, il travaille comme figuriste à Rotterdam, où il épouse Marie-Louise de Waal et quitte la ville peu de temps après, pensant rentrer chez lui en Toscane. Mais il s'arrête en chemin à Liège fin 1854. Après la mort de son épouse, il s'installe en Pierreuse et épouse Virginie Wuillemat avec laquelle il aura plusieurs enfants. Il meurt le 3 janvier 1903 dans le quartier St Séverin où il habite apparemment depuis 30 ans. D'après le registre de police de la 6e division et les registres d'état civil dressés entre 1855 et 1873 on note qu'il sait à peine parler français et qu'il ne sait pas écrire. » (1)

CHARLEMAGNE : personnage central des marionnettes liégeoises, il ne fait pas toujours preuve d’intelligence ni de justice.

JOUE (une) : ensemble de marionnettes d’un théâtre.

MARIONNETTE : étymologie : marionnette est un diminutif de Marie «  parce qu'aux fêtes de l'Assomption on donna, pour remplacer les Mystères, des jeux de marionnettes; d'ailleurs, marionnette a désigné, en 1489 en Cambrésis, une monnaie portant l'image de la Vierge » (2)

MARIONNETTE À TRINGLE : La marionnette prend vie manipulée à l’aide d’une tringle et de fils.

MARIONNETTE À FILS : La marionnette est manipulée à l’aide de fils. Elle est entièrement reliée à des fils et manipulée à l’aide d’un contrôle en forme de croix.

MARIONNETTE À GAINE : Cette marionnette, dont Guignol et Polichinelle sont les fiers représentants, est composée d’une tête creuse et d’un costume fixé à la base du cou. La main du manipulateur est cachée à l’intérieur de la marionnette, un ou deux doigts passés dans le cou et les autres dans les bras.

NANÈSSE : compagne de Tchantchès, elle est bavarde et commère.

TCHANTCHÈS : Le nom de Tchantchès viendrait non pas de François en wallon, qui se dit Françwès, mais de François, en sicilien, Francesco. Le diminutif de Francesco est Titcho. Et Titcho est devenu Tchètchès, puis Tchantchès à Liège. Tchantchès incarne le héros populaire, plein de bon sens, alcoolique et querelleur, il incarne les vices et les vertus du peuple. Il est intemporel et peut passer de la cour de Charlemagne, à la crèche de Bethléem. Il est l’archétype de la communauté ouvrière. C'est à l'époque de la Libération que datent d'une part les réceptions des personnalités venant rendre visite à la Ville de Liège, et d'autre part la remise des costumes à Tchantchès. Sa garde-robe s'enrichit chaque année. Il possède plus de 350 costumes offerts par des groupes folkloriques belges ainsi que par des associations étrangères.

RLOM : République Libre d’Outre-Meuse

ROLAND : personnage des marionnettes liégeoises, il est le paladin de Charlemagne, courageux et toujours prêt à défendre l’honneur des siens.

(1) Denis Fauconnier, marionnettiste et directeur du Théâtre à Denis
(2) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Marionnette : Étymologie [en ligne]. Disponible sur : <http://www.cnrtl.fr/etymologie/marionnette> (consulté le 21 juin 2012).

Sources 

Musée Tchantchès et la République Libre d'Outre-Meuse. République Libre d’Outre-Meuse [en ligne].
Disponible sur : < http://www.tchantches.be> (consulté le 21 juin 2012).

DELVAUX Françoise. Théâtre de marionnettes liégeoises. In : Guide du visiteur, Liège : Province de Liège, Musée de la Vie wallonne, 2011, p. 314-320.

CARA Anne, CARA Robert (illust.). 100 mots pour comprendre : Les arts de la marionnette, Reims : CRDP Champagne-Ardenne, 2011, p.99.

SIMÕES Chico, CARAVALHO NETO Alipio. Mamulengo. In : PUCK : La marionnette dans la rue, 1999, n°12, p. 55-56.

VANDER CRUYSEN Yves, LECLERCQ Tommy. La Wallonie vue par les grands écrivains. Liège : Éditions Luc Pire, 2011 p. 73 

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Portail Lexical [en ligne].
Disponible sur : <http://www.cnrtl.fr/portail/> (consulté le 21 juin 2012)

Liens utiles

Site officiel de la Province de Liège : http://www.provincedeliege.be/portail/

Site officiel de la ville de Liège : http://www.liege.be/

Site du Musée Tchantchès : http://www.tchantches.be

Site du groupe Du Bartàs : http://www.myspace.com/dubartas

Site de l’agence de développement Sirventés : http://www.sirventes.com/

À écouter :

CAVALIÉ Laurent (compositeur et arrangeur.), Du Bartàs (interp.), La maire ambe la filha, Sirventés Edicions, Label Solidaire Sirventés