Patrimoine vivant Wallonie-Bruxelles


Les maîtres lissiers de TournaiLes maîtres lissiers de Tournai

C'est quoi ?

" Nos actes ne sont éphémères qu’en apparence. Leurs répercussions se prolongent parfois pendant des siècles. La vie du présent tisse celle de l'avenir."
Gustave Le Bon (1)

"Travail et application sont les ailes ; elles franchissent fleuves et collines"
Jean Fischart (1)

" Toi, tu me tournes les sangs. Tournai."
Colette Nys-Mazure. Extrait du poème inédit Usage du Pays, Tournai

Sur le métier de haute lisse, la lissière tisse pour inventer, pour créer.
Ses pieds jouent, tel l’organiste sur son pédalier, ses mains peignent, se faufilent ici exactement, écartent, font passer ; tout est si précis et se joue à un fil... Puis elle fait glisser dans un sens, joue de la pédale et glisse dans l’autre... Une danse lente et minutieuse ou pieds et mains se coordonnent, pour offrir une partition de fils entrelacés et de couleurs qui se jouera dans les yeux du contemplateur.

Métier de haute lisse © Ooh ! Collective
Métier de haute lisse © Ooh ! Collective

Ce savoir-faire remonte au début du XIVe siècle. On répertorie à l’époque une trentaine d’artisans tapissiers dans la ville et la qualité des laines est reconnue. Une ordonnance datant de 1397 règlemente le travail. Les ouvrages sont rapidement remarqués et appréciés des rois de France. La ville doit sa première grosse commande connue à Philippe le Bon en 1448, la tapisserie nommée « Histoire de Gédéon ». Véritable succès, présentée dans diverses villes, elle fait office de publicité. Dès lors, les ateliers produisent énormément pour satisfaire les commandes venant de la maison de Bourgogne, de la cour de France, d’Angleterre, d’Espagne, d’Italie ou encore du Portugal. La seconde partie du XVe s. devient l’âge d’or de la tapisserie tournaisienne.
Puis les évènements politiques ralentissent la production. La ville passe aux mains des Anglais, revint aux Français pour être finalement rattachée aux Pays-Bas espagnols. Durant le premier quart du XVIe s. les ateliers ont encore un grand rendement, mais les commandes s’amenuisent assez rapidement.
Après une longue période de déclin, l'art de la lisse renaît à Tournai au XXe siècle. Cet élan novateur trouvera son aboutissement dans l'ouverture du Musée de la Tapisserie et des Arts du Tissu.
Aujourd’hui, la tapisserie, forte de ses traditions, se permet d’innover, de se réinventer en toute liberté et va parfois jusqu’à descendre du mur pour devenir une oeuvre tridimensionnelle, une sculpture de fils.

La technique des tapisseries tournaisiennes

À Tournai, les lissiers travaillent essentiellement sur un métier de haute lisse (tissage sur plan vertical), pourvu de pédales.

Le métier à tisser

Il est composé de deux grands cylindres de bois (les ensouples) posés horizontalement à distance sur deux supports verticaux (cotrets ou montants) sur lesquels est tendue une chaîne constituée de fils verticaux. Ces fils sont accrochés par groupes de vingt environ, sur un tube appelé lisse et actionné par les pédales. La chaîne est divisée en deux par un bâton de croisure, séparant les fils pairs des fils impairs.

Le travail du lissier

Grâce aux lisses qui permettent de ramener les fils de l’arrière vers l’avant, le lissier glisse un fuseau de bois sur lequel est enroulé le fil de couleur. Il le fait passer dans un sens, appuie sur la pédale puis le glisse dans l’autre sens. Le résultat de la manoeuvre s’appelle une duite qui, répétée, constitue le travail de la tapisserie.

DUDANT, Anne. Les tapisseries tournaisiennes de la seconde moitié du XVe siècle au musée d’Histoire et d’Archéologie de la ville de Tournai. Mons : Fédération du Tourisme du Hainaut. 1985, pages 17-19, 57

Préparation de la couleur pour les échevettes © Ooh ! Collective
Préparation de la couleur pour les échevettes © Ooh ! Collective

Exemple d’oeuvres anciennes et contemporaines

Tapisseries du XVe siècle :

Cycle de l’Histoire d’Hercule
- La conquête de l’île aux moutons (296 x 296 cm)
- Laomédon refuse aux Argonautes l’accès de Troie (325 x 275 cm) 
- La vengeance d’Hercule (338 x 266 cm)

Cycle de l’Histoire de Charlemagne
- La bataille de Roncevaux (fragment)

Cycle de La Vengeance du Sauveur
- Néron envoie Vespasien et son fils Titus combattre en Palestine
- La famine et la prise de Jérusalem

Tapisserie du XVIe siècle :

Allégorie de l’âme pécheresse
Les armes d’Adrien de Croy-Melun (2 pièces)

Cycle de l’Histoire d’Abraham 

- Melchisédech bénit Abraham

Tapisserie du XXe siècle :

L’homme couché – Roger Somville, dessiné en 1947, exécuté par le CRECIT en 1990 L’homme au fanal – Liliane Badin, 1963

Il – Jean-François Octave, 1995, tissé par le CRECIT

Deuxième – Arlette Vermeiren, 1998

Luminescence – Robert Degenève, 1998, tissé par le CRECIT

  1. Collectif de Borée. Artisans : la main et l’outil. SAYAT : De Borée, 2006

Ça se passe où ?

Tournai, située sur l’Escaut est le chef-lieu d'arrondissement du Hainaut, en Belgique.

« Capitale des Nerviens, la ville devient au ve s. la première capitale des rois mérovingiens. Son évêché, crée au VIe s., est rattaché à celui de Noyon. Enrichie par le commerce et l'industrie du drap, elle devient autonome et est placée sous la souveraineté directe du royaume de France (1187). Demeurée fidèle au roi Charles VII après le traité de Troyes (1420), Tournai connaît une grande prospérité durant tout le xve s. grâce à la tapisserie de haute lisse. Cédée à Charles Quint par François Ier, par le traité de Madrid (1526), la ville est reprise par Louis XIV en 1667. Par les traités d'Utrecht et de Rastatt (1713-1714), Tournai est incorporée aux Pays-Bas autrichiens. Occupée par les Français à la Révolution (1792 et 1794), la ville fait partie du royaume des Pays-Bas (1815) puis de celui de Belgique (1830). » (*)

La ville peut s’enorgueillir de sa cathédrale à cinq clochers, romane en ce qui concerne la nef (datant du XIIe siècle et voutée au XVIIIe siècle) et gothique pour le chœur qui date du XIIIe siècle. Elle contient un jubé de la Renaissance et un riche trésor.

(*) Tournai [en ligne]. Larousse. Disponible sur :

<http://www.larousse.fr/encyclopedie/ville/Tournai/147208> (consulté le 26/07/2013) 

Beffroi de Tournai © Ooh ! Collective
Beffroi de Tournai © Ooh ! Collective

C'est quand ?

... dès que l’homme a le désir de créer du beau...

Un brin d’évasion

L’ala-kiyiz et le chirdak, l’art du tapis traditionnel kirghiz en feutre

« L’art du tapis traditionnel en feutre est l’un des arts premiers du peuple kirghiz et fait partie intégrante de son patrimoine culturel. Les Kirghiz produisent traditionnellement deux types de tapis en feutre: les ala-kiyiz et les chirdaks. Les connaissances, les techniques, la diversité, la sémantique des ornements et les cérémonies de création de tapis sont autant d’éléments culturels importants qui procurent au peuple kirghiz un sentiment d’identité et de continuité. La réalisation des tapis en feutre kirghiz est inséparablement liée au mode de vie quotidien des nomades qui les utilisent pour se protéger du froid et décorer leur intérieur. La création des tapis en feutre exige l’unité au sein de la communauté et favorise la transmission du savoir traditionnel – en principe par les femmes âgées concentrées dans les zones rurales, montagneuses, aux jeunes filles de la famille. L’art traditionnel de l’ala-kiyiz et du chirdak est cependant menacé de disparition. Le nombre de praticiens est en recul, la plupart d’entre eux ayant plus de 40 ans. L’absence de sauvegarde gouvernementale, le désintérêt de la jeune génération, la prédominance de tapis synthétiques à bas prix et la qualité médiocre et l’insuffisance de l’approvisionnement en matières premières ne font qu’aggraver la situation. De ce fait, la cérémonie de l’ala-kiyiz a quasiment disparu des intérieurs kirghiz et le chirdak est sérieusement menacé de disparition. »

Ce patrimoine est inscrit en 2012 sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

L’ala-kiyiz et le chirdak, l’art du tapis traditionnel kirghiz en feutre [en ligne]. UNESCO. Disponible sur : <http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&USL=00693> (consulté le 26/07/2013) 

Tapis traditionnel en feutre © Ooh ! Collective
Tapis traditionnel en feutre © Ooh ! Collective

Un brin d'histoire

Histoire de la tapisserie

« Historiquement, l'origine de la tapisserie se confond avec celle du tissage. Très peu de vestiges sont parvenus jusqu'à nous, mais il est certain que la tapisserie existait déjà chez les Coptes, chez les Égyptiens ou les Chinois et dans bien d'autres civilisations encore.

De nombreux dessins retrouvés sur des poteries montrent les métiers à tisser en action.

Au moyen-âge, la tapisserie nous est très probablement venue des pays orientaux.

Les historiens s'accordent à dire que c'est le contact avec l'orient à travers les croisades qui amène un développement nouveau dans l'art de la lisse. Au début du XIVe siècle, la haute lice est toute nouvelle. Elle va se généraliser, puisque la tenture de l'apocalypse d'Angers, datée de 1375, montre par sa dimension et sa perfection une maîtrise complète dans cette technique.

La tapisserie est considérée comme un art. Mais la tapisserie est aussi un meuble que l'on transporte de château en château pour réchauffer, insonoriser, décorer une pièce ; c'est un signe de richesse et de puissance. C'est enfin un média qui sert à enseigner au peuple l'histoire et la religion.(les tapisseries sont souvent exhibées lors des processions.)

La guerre de Cent Ans ayant provoqué la ruine du pays, c'est la Flandre qui prend la relève et qui devient capitale de la tapisserie grâce à l'industrie de la laine. Pendant longtemps, c'est en Flandre que se tiendront les ateliers les plus réputés d'où sortiront les plus belles œuvres. Plus tard, petit à petit, on verra des lissiers des Flandres revenir s'installer en France, et en particulier à Felletin dans la Creuse.

Au XVe siècle, le licier est encore un artiste indépendant. La tapisserie de cette époque est caractérisée par des fonds irréels tels que les mille fleurs, par l'absence de perspective; la dame à la Licorne, magnifique tenture exposée au musée de Cluny à Paris, en est la meilleure représentation.

C'est au XVIe siècle que l'influence grandissante de la peinture va se faire sentir. Arrivée de la perspective et de la couleur. Le lissier perdra petit à petit son autonomie. Les monarques vont s'approprier la maîtrise de la fabrication comme une marque de puissance.

Pour pallier l'absence d'ateliers en France, et réduire les importations des Flandres ou d'Italie, en 1530 François 1er crée la manufacture de Fontainebleau. Puis Henri II en 1551 fera l'orphelinat de la Trinité. Henri IV à son tour va créer les ateliers de Paris: le Louvre, Saint-Germain et Saint-Marcel.

En 1661, Colbert achète les Gobelins. Avec la création de la manufacture royale des meubles et de la couronne, de Beauvais et le titre de manufacture royale attribuée à Aubusson en 1665 la France redevient un grand pays producteur de tapisseries .

En contrepartie, la tapisserie doit obéir à des règles très strictes. Le lissier perd toute indépendance. Ce sont les peintres qui désormais détiennent et ceci pour longtemps les clés de la tapisserie.

On fait alors appel pour diriger les manufactures à des grands maîtres tels Lebrun, Oudry puis Boucher.

Ils doivent assurer l'unité stylistique de la tapisserie.

Travail de restauration © Ooh ! Collective
Travail de restauration © Ooh ! Collective

La tapisserie a toujours été un art lent et peu productif mais très coûteux, qui n'a survécu que grâce au mécénat du roi, de la noblesse, du clergé ou de l'état. La révolution va y mettre un terme. La lisse va connaître une période de déclin évident.

Au XIXe siècle, on va poursuivre la copie de peinture à l'excès, jusqu'à utiliser des tons si fragiles qu'ils ne résisteront pas à l'épreuve du temps.

À partir de 1936 avec l'arrivée de Jean Lurçat, la tapisserie va connaître un renouveau. Il réduit le nombre de couleurs, il systématise le carton numéroté que Marius Martin et Élie Maingonnat avaient remis au gout du jour. La tapisserie va devenir plus rapide à fabriquer, son coût va diminuer.

Il va s'ensuivre le mouvement des peintres cartonniers qui vont établir des cartons spécifiquement destinés à la fabrication de tapisseries.(Jean Picart le Doux, Marcel Gromaire, Marc Saint-Saëns, Dom Robert, etc...)

À partir de 1962, dans la logique de l'art contemporain, la tapisserie va se déplacer à Lausanne ou se tiendra une biennale. Ici, la tapisserie devient tridimensionnelle, elle quitte le mur pour devenir sculpture.(Sheila Hicks , Jagoda Buic, Magdalena Abakanowicz , etc)

Notons aussi vers la fin du XXe s. le retour des lissiers indépendants créateurs et réalisateurs de leurs propres oeuvres (Grau-Garriga, etc.), les lissiers interprètes tels que Plasse Le Caisne qui, pour traduire Manessier, utilise une technique de tapisserie à chaîne apparente.

On peut donc dire qu'à l'aube du troisième millénaire, la tapisserie est la résultante de tous ces mouvements qui se sont produits au cours des siècles précédents.

Si par le passé le mot tapisserie était synonyme de haute lisse ou basse lisse à chaîne couverte, on peut dire aujourd'hui que depuis bientôt un siècle, la tapisserie est considérée comme un art textile ouvert à toutes les techniques. »

Un peu d’histoire [en ligne]. Portail de la Tapisserie Contemporaine et des Œuvres de création textile. Disponible sur : <http://artistelicier.free.fr/modules.php?name=histoire> (consulté le 26/07/2013)

Un brin de poésie

Étrangement, le métier à tisser des lissiers et lissières de Tournai ou d’ailleurs nous rappelle d’une manière étonnante l’orgue de nos cathédrales.

Mélange des coloris par hachure © Ooh ! Collective
Mélange des coloris par hachure © Ooh ! Collective

Aimée-aimante

C'est une femme de soie sauvage. Poreuse sous les mains savamment tendres. Une femme de collines et de combes, de feuillages, de mousses. Une ligne sinueuse en volutes et voluptés. Sucs et salives, écartèlement vertigineux. Elle, disloquée, réunie. Une femme très loin, à héler, harponner. Très proche à pétrir, goûter, savourer. Une femme d'espace amoureux saturé de miel et d'ombres intimes, de fière approchée, de tressaillement secret. Rauque et luisante dans la rumeur du plaisir imminent. Tambour de la jubilation.

Colette Nys-Mazure

Poème extrait de Singulières et plurielles, Paris, Desclée de Brouwer, coll. Littérature ouverte.

Petit abécédaire

ALLÉGORIE DE L’ÂME PÉCHERESSE : « Tapisserie en laine et soie exécutée à Tournai vers 1540. 323 x 310 cm. Collection de la ville de Tournai. Tapisserie restaurée en 1991, par l’atelier de restauration de la Fondation de la Tapisserie (TAMAT), par Yves Dupont. Un cerf représentant l’âme humaine est mené par la Raison vers la Miséricorde de Dieu, assise sous un dais. Au second plan est figurée une Fontaine de vie où les âmes viennent se régénérer : la fontaine du Salut. Cette allégorie de l’âme pécheresse, tirée d’un psaume de la Bible, est expliquée par un texte en ancien français dans la partie supérieure :

Le Voiant ainsi lamenter .. et que son péché il recorde .. Raison la voulut présenter .. devant l’œil de miséricorde. » (2)

BASSE LISSE ou BASSE LICE : Tapisserie exécutée sur métier de basse lisse dont le plan de chaîne est horizontal. (1)

CARTON : Agrandissement de la maquette à la taille de la tapisserie. (1)

LE COQUELEUR : Oeuvre de Louis Deltour en laine et coton, exécutée par la Coopérative de Tournai en 1947.

DEBOURLE, Abel (1899-1990) : organiste compositeur tournaisien, il reçoit du Conservatoire Royal de Bruxelles le Premier Prix avec Grande Distinction pour la composition et la virtuosité. Il compose de nombreuses oeuvres pour orgue et orchestre. Titulaire des orgues de l’église Saint-Jacques, il donne de multiples concerts en Belgique et en Grande-Bretagne.

FLÛTE : Basse lisse, sorte de navette en bois tourné qui, chargée de laine ou de soie, sert à passer les fils de trame entre les deux nappes de chaîne durant le tissage (1)

HAUTE LISSE ou HAUTE LICE : Le métier de haute lisse est caractérisé par position verticale de la chaîne. Les lisses placées au-dessus du lissier sont actionnées à la main, le carton est placé derrière le lissier. (1)

L’HISTOIRE DE CHARLEMAGNE : La Bataille de Roncevaux

« Fragment d’une tapisserie en laine et soie attribuée aux ateliers tournaisiens et exécutée sous le règne de Louis XI (1461 – 1483). 250 x 180 cm. Collection de la ville de Tournai.

Ce fragment appartenait à une tapisserie beaucoup plus vaste représentant la Bataille de Roncevaux et les derniers moments de Roland. Blessé dans le dos, il brandit une dernière fois, son épée Durendal. À droite, Thierry, son compagnon d’armes, combat les sarrasins. Ces deux scènes n’étaient pas disposées de cette manière à l’origine et sont habilement associées.

Les Musées Royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles possèdent une tapisserie identique mais de plus grandes dimensions, exécutée d’après le même carton, illustrant cette bataille : Roland y est représenté par cinq fois, au cœur des combats jusqu’à sa mort. Cette tapisserie est complétée par la pièce conservée au Musée du Bargello à Florence. La tapisserie entière pouvait atteindre plus de 13,30 m de long. » (2)

L’HISTOIRE D’HERCULE : « Tapisseries en laine et soie tissées dans la seconde moitié du XVe siècle par les ateliers tournaisiens à la demande de la Maison de Bourgogne. Collection de la ville de Tournai.

Ces trois tapisseries représentent des épisodes de l’histoire d’Hercule issus du « Recueil des Histoires de Troie » écrit en 1461 par Raoul Lefèvre. » (2)

LISSIER ou LICIER : Étymologiquement, le lissier était l’ouvrier qui montait les lices dans le métier à tisser. Petit à petit, le sens du mot s’est étendu à l’ouvrier artisan qui exécutait une tapisserie en respectant méthodiquement la maquette créée par le peintre cartonnier.

Puis de fil en aiguille, les lissiers sont devenus eux même les créateurs de leur oeuvre, allant aujourd’hui jusqu’à détacher la tapisserie de son aspect mural pour l’inscrire dans l’espace tridimensionnel, en faire un œuvre plastique et inventer l’art de la fibre. (1)

LE MANTEAU DE CHARLES QUINT : « En 1531, Charles Quint tint dans la cathédrale de Tournai un chapitre de la Toison d'Or. [...] L'Empereur-Roi séjourna avec sa cour une quinzaine de jours en l'abbaye Saint-Martin de Tournai, à l'abbé de laquelle il légua ce manteau qu'il portait lors du Chapitre. En 1573, l'Abbé de Saint-Martin le fit transformer en chape, lui adjoignant un chaperon et des orfrois brodés de fils d'or et de soie d'une très grande finesse. Les médaillons représentent la Cène et quelques étapes de la Passion de Jésus-Christ. 

Le manteau fait partie du trésor de la cathédrale Notre-Dame de Tournai. » Béatrice Pennant, (historienne de l’art et responsable du centre de documentation) (1)

TOMBÉE DE MÉTIER : lorsque le tissage est terminé la tapisserie est libérée du métier en coupant les fils de chaîne. (1)

Tombée de métier © ASBL CRECIT
Tombée de métier © ASBL CRECIT

  1. Réalisé à partir du glossaire du Portail de la Tapisserie Contemporaine et des Œuvres de création textile. Disponible sur : http://artistelicier.free.fr/modules.php?name=glossaire&letter=Tous&sortby=mot

  2. Tapisseries anciennes des XVe et XVIe siècles, TAMAT, Centre de la Tapisserie, des Arts muraux et des Arts du Tissu de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Sources 

DUDANT, Anne. Les tapisseries tournaisiennes de la seconde moitié du Xve siècle au musée d’Histoire et d’Archéologie de la ville de Tournai. Mons : Fédération du Tourisme du Hainaut. 1985.

SOSSET, Léon-Louis. Tapisserie contemporaine en Belgique. Alleur : Édition du Perron, 1989.

PHILIPIN, Frédéric (dir.). Derrière l’objet...l’homme – Focus sur 25 artisans d’art wallons. Arlon : Province du Luxembourg et de l’Entente interprovinciale des Métiers d’Art de Wallonie, 2011.

Portail de la Tapisserie Contemporaine et des Œuvres de création textile [en ligne]. Disponible sur : <http://artistelicier.free.fr/index.php> (consulté le 26/07/2013) (consulté le 26/07/2013)

Ville de Tournai [en ligne]. Disponible sur : http://www.tournai.be/ < (consulté le 26/07/2013)

Colette Nys-Mazure, Vivre en poésie. Site officiel disponible sur : http://www.colettenysmazure.be/ < (consulté le 26/08/2013)

L’ala-kiyiz et le chirdak, l’art du tapis traditionnel kirghiz en feutre [en ligne]. UNESCO. Disponible sur : <http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00011&USL=00693> (consulté le 26/07/2013) 

Dictionnaire :

Dictionnaire Larousse [en ligne]. Disponible sur : <http://www.larousse.fr/> (consulté le 26/07/2013)

Liens utiles

Site officiel de la Province de Hainaut : http://www.hainaut.be/

Site du centre de Recherches, d’Essais et de Contrôle pour l’Industrie Textile : http://www.crecit.com/

Site du centre de la Tapisserie, des Arts Muraux et des Arts du Tissu de la Fédération Wallonie-Bruxelles : http://www.tamat.be/

A écouter :

Andante Capricioso d’Abel Debourle, interprété par Carole Liebert