Patrimoine vivant Wallonie-Bruxelles


Le marché 1900 de Marche-en-FamenneLe marché 1900 de Marche-en-Famenne

  • « Ma première rencontre avec ce patrimoine ? C'est en 1978, une dame âgée a pris en charge de remonter l'école de dentelle à Marche »
  • « On met son être dans l'instrument »
  • « Que vous ayez 100 oiseaux ou que vous en ayez 10, si vous êtes passionné c'est toujours pareil »
  • « Quand on aime, on transmet...»

C'est quoi ?

" Les femmes font marcher les hommes et le commerce "
Albert Willemetz

" L’homme qui ne porte rien est sûr de ne rien perdre"
Proverbe de Marcol et Salomon

C’est au milieu du chant des canaris, des chardonnerets, ou encore des pinsons que le visiteur est transporté plus d’un siècle en arrière et peut découvrir les métiers de nos parents, grands, ou arrières-grands-parents.

Les gestes et coutumes de nos ancêtres sont ici mis à l’honneur et on peut, dans une ambiance de fête s’émerveiller devant le savoir-faire de nombreux artisans qui, habillés comme à l’époque, travaillent dans le respect des traditions. C’est ainsi qu’on découvre au hasard des rues le travail du luthier, du coutelier, du potier, du graveur de verre ou encore du peintre. Le spectateur peut assister à des représentations de théâtre de rue, des concerts, des danses folkloriques et découvrir les jeux de l’époque, lancer de paille ou jeu de quilles, tout en dégustant les spécialités régionales comme le matoufè.

Ce marché permet à chacun de renouer de façon concrète avec ses racines.

Marché aux oiseaux © Ooh! Collective
Marché aux oiseaux © Ooh! Collective

Le « Marché 1900 », autrefois appelé « Marché aux oiseaux » se déroule chaque 15 août.

Il doit sa naissance à un défi lancé sur les ondes de la RTB par l’animateur Jean-Claude Menessier en 1967. Le défi à relever était de créer en cinq jours un marché aux oiseaux, style 1900, avec un minimum de 100 marchands. Marche-en-Famenne releva le défi avec brio. L’année suivante, un nouveau marché aux oiseaux fut organisé, étoffé de stands mettant en avant savoir-faire artisanal et cultures folkloriques. On pouvait y découvrir l’art de la dentelle, de la tapisserie ainsi que de nombreux produits régionaux. Le public était au rendez-vous. Et comme les bonnes habitudes se prennent vite, c’est en 1969 que la date définitive du marché aux oiseaux fut fixée.

Presque un demi-siècle plus tard, le Marché aux oiseaux, appelé aujourd’hui Marché 1900, n’a cessé de grandir et ce sont aujourd’hui plus de 15 000 visiteurs qui peuvent découvrir les métiers d’autrefois, connus des anciens, mais que les jeunes ignorent.

Ainsi, entre l’effervescence des artistes de rue, cracheurs de feu, magiciens ou clowns, au son des chanteurs, des musiciens ou des piaillements d’oiseau, le spectateur peut admirer, le travail imperturbable, des dentellières.

Elles actualisent les dentelles d’hier. Calmes et concentrées, elles brodent avec minutie, permettant ainsi au spectateur de découvrir l’art de la dentelle, et notamment le Point Clair. Ce point, redécouvert par l’Académie des dentelles de Marche a donné à la ville une notoriété nationale et internationale.

Cette journée de fête qui met à l’honneur le savoir-faire ancestral rassemble la population dans toute sa diversité, créant un lien social entre tous.

Ça se passe où ?

Marche-en-Famenne est située en province de Luxembourg, en Belgique. La ville est considérée comme la capitale de la Famenne.

Le nom de Marche  qui signifie « limite » tire son origine d’un ruisseau qui séparait les comtés de Huy et d’Ardenne. Le ruisseau donna son nom à la ville et n’en garda que le diminutif : la Marchette.

L’étymologie de Famenne dériverait du latin « Paemani » ou « Faemani », nom d’un peuple celto-germanique installé dans les Ardennes.

C'est quand ?

Le marché 1900 a lieu tous les 15 août depuis 1967.

Premier marché 1900 © ASBL Comité des fêtes de Marche
Premier marché 1900 © ASBL Comité des fêtes de Marche

Un brin d’évasion

Le marché aux oiseaux d’Istanbul

C’est en déambulant dans les petites ruelles du bazar, non loin de la mosquée Nouvelle et du bazar égyptien, que le visiteur peut découvrir le Marché aux oiseaux d’Istanbul.

C’est une multitude d’oiseaux, des plus communs aux plus rares, qui mélangent leurs couleurs et leurs cris. Poussins, canards, pigeons et tourterelles, perruches, perroquets, paons, toucans et autres espèces, essayent de rivaliser avec le chant de l’appel à la prière qui s’élève au-dessus de tout et domine le brouhaha environnant.

Ici, ce ne sont pas les artisans qui se mêlent aux oiseaux, mais d’autres animaux et les mains d’enfants se tendent pour caresser lapins, chats, chiens, cochons d’Inde, hamsters ou tortues.

Non loin de là, entres les plantes et les fleurs, les croquettes pour chats et les graines pour oiseaux, se prélassent dans de grands bocaux d’indolentes sangsues...

Un brin d'histoire

Histoire de Marche-en-Famenne

La présence de l’homme dans la région existe depuis la Préhistoire.

Petite bourgade à l’époque romaine, Marche-en-Famenne, située sur la route entre Namur et Luxembourg et faisant partie du comté de la Roche, se transforme en ville fortifiée au XIIIe siècle et reçoit une charte de privilèges. La place du marché se développe, le couvent des Carmes y est construit en 1473.

En 1577, Don Juan d’Autriche y signe l’édit perpétuel, libérant la ville de Gand de la domination espagnole, tentant de mettre fin à la guerre entre l’Espagne et les 17 Provinces des Pays-Bas.

En 1688, Louis XIV démantèle les remparts de la ville et le couvent est fermé un siècle plus tard par les troupes françaises révolutionnaires.

L’industrie dentellière se développe considérablement au XVIIIe. Un siècle plus tard, lors de la révolution industrielle, le chemin de fer permet à la ville de multiplier son savoir-faire artisanal voyant le nombre d’ateliers spécialisés se développer.

Orgue de barbarie © Ooh! Collective
Orgue de barbarie © Ooh! Collective

Quelques repères de 1900

Comme le reste de l’Europe, la Belgique connut des années de gloires au début du XXe siècle. Sa puissance économique était très importante, notamment grâce au port d’Anvers. Cette puissance permit d’ailleurs à Léopold II de coloniser le Congo en 1908.

Quelques évènements dans le monde :

1900, c’est aussi la cinquième Exposition Universelle, les débuts des Prix Nobel (1901), la découverte des propriétés du radium par Pierre et Marie Curie, ou de L’Interprétation des Rêves de Sigmund Freud (publié en 1899).

1900 c’est aussi les débuts du Moulin Rouge (1889) avec la Goulue, ainsi que les débuts du cinéma avec par exemple le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès. Le lecteur peut découvrir Le magicien d’Oz de Lyman Franck Baum (1900), Bécassine (1905) d’Émilie-Joseph-Porphyre Pinchon, mais également assister aux représentations de L’Aiglon d’Edmond Rostand mis en scène par Lucien Guitry avec Sarah Bernhardt, écouter Madame Butterfly de Giacomo Puccini ou découvrir à la naissance de l’Art Nouveau avec Horta, mouvement à échelle internationale qui se développe aussi bien en architecture, qu’en art décoratif dès la fin du XIXe siècle.

Un brin de poésie

L’oiseau

Mais lors voici qu'un oiseau chante,
Dans une pauvre cage en bois,
Mais lors voici qu'un oiseau chante
Sur une ville et tous ses toits,

Et qu'il dit qu'on le voit le monde
Et sur la mer la pluie tomber,
Et des voiles s'en aller rondes,
Sur l'eau si loin qu'on peut aller.

Puis voix dans l'air plus haut montée,
Alors voici que l'oiseau dit
Que tout l'hiver s'en est allé
Et qu'on voit l'herbe qui verdit,

Et sur les chemins la poussière
Déjà, et les bêtes aussi,
Et toits fumant dans la lumière
Que l'on dirait qu'il est midi,

Et puis encore sa voix montée,
Que l'air est d'or et resplendit,
Et puis le bleu du ciel touché
Qu'il est ouvert le paradis.

Max Elskamp, poète belge

Premier marché 1900 © ooh! Collective
Premier marché 1900 © ASBL Comité des fêtes de Marche

Petit abécédaire

Quelques découvertes au marché 1900

« LES AMIS DES OISEAUX » DE AYE : Le Comité des Fêtes en collaboration avec « les amis des oiseaux de Aye » présente au Marché 1900 : des canaris, perruches, oiseaux indigènes, tarins, chardonnerets, pinson, verdiers… tous issus de l’élevage, puisque la capture de ces oiseaux est interdite.

LE FRENCH CANCAN : danse osée en vogue au XIXe siècle, célèbre pour ses levés de jambes.

Luthiers © Ooh! Collective
Luthiers © Ooh! Collective

LES LUTHIERS : fabricant d'instruments de musique à cordes pincées ou frottées, comme le violon, la guitare ou le luth. Métier du XVIe siècle qui est toujours pratiqué, la quasi-totalité de son travail est manuelle.

Situé entre l’art et l’artisanat, il est magique de voir un violon naître des mains de ces hommes.

LE MATOUFÈ : spécialité culinaire de Marche. Recette de la Confrérie du Matoufè de Marche-en-Famenne :

Pour quatre personnes : 200 gr de lard maigre salé, mais non fumé, 1 cuillère à soupe de farine, 2 tasses de lait, 1 tasse d’eau, 8 œufs entiers, sel et poivre.

Dans une poêle à larges bords, faire rissoler le lard coupé en lardons. Retirer l’excès de graisse. Pendant ce temps, mélanger le lait, l’eau, la farine. Ajouter les œufs. Battre vigoureusement et assaisonner. Verser ensuite dans la poêle avec le lard. Cuire en remuant sans cesse. Servir chaud accompagné de pain gris (on étale une bonne couche de matoufè sur le pain et on déguste bien.

LES MAUTCHÎS MÎ TCHÎS QU’TΠ: troupe de théâtre de marionnettes qui présente chaque année et depuis plusieurs dizaines d’années un spectacle satirique très attendu sur le Marché 1900. Ils s’inspirent des évènements de l’année écoulée en les tournant de façon ironique. 

Le théâtre des Mautchîs Mî Tchîs Qu'tî © Ooh! Collective
Le théâtre des Mautchîs Mî Tchîs Qu'tî © Ooh! Collective

QUELQUES JEUX PROPOSÉS PAR LES ASSOCIATIONS SUR LE MARCHÉ 1900 : le lancer de ballots, mât de cocagne, jeu de quilles, riboulette, recherche généalogique, lancer d’oeufs, etc.

QUELQUES MISES EN BOUCHES DU MARCHÉ : tartines de matoufè, omelettes au lard, pains saucisse, djôtes (potée au chou vert), brochettes de rognons, gaufres, frites à l’ancienne… et bières, pèkèts artisanaux, ou vins...

QUELQUES POINTS DE DENTELLE :

LE POINT : est appelé "point" toute dentelle réalisée à l’aiguille et "passement", celle réalisée au fuseau.

LE POINT CLAIR : dans l’art de la dentelle, point redécouvert par l’Académie des dentelles de Marche qui a donné à la ville une notoriété nationale et internationale

LE POINT COUPÉ : la mode de ce point a été apportée en France par Catherine de Médicis et a garni généreusement les fraises. Henri III s’y exerce.

LE POINT D’ALENÇON : dans l’art de la dentelle, savoir-faire unique au monde, qui n’est détenu aujourd’hui que par une dizaine de spécialistes dont la plupart appartiennent à l’Atelier conservatoire national d’Alençon.

LES POINTS DE VENISE : ce sont eux qui ont donné la réputation mondiale à la dentelle de Venise. Ils sont à l’origine du point d’Alençon.

Sources 

Comité des fêtes de Marche-en-Famenne. [Dossier de presse 2012 Marché 1900]. Marche-en-Famenne, 2012, 20p.

PESTIAUX Pierre. Chroniques des dentelles de Marche. Marche-en-Famenne : Cercle historique de Marche-en-Famenne, 1992, 206 p.

Marche-en-Famenne [en ligne].
Disponible sur : <http://www.marche.be/> (consulté le 27/08/2012)

L’histoire de Marche-en-Famenne [en ligne]. La maison d’Agathe.
Disponible sur : <http://www.lamaisondagathe.be/marcheenfamenne.php> (consulté le 27/08/2012)

PESTIAUX Pierre. L’art de faire dans la dentelle [en ligne]. L’avenir.net.
Disponible sur <http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=38980059> (consulté le 27/08/2012)

BAUTHIER Robert. La recette de la Confrérie du Matoufè de Marche-en-Famenne [en ligne]. Confrérie Temploutoise des fabricants de vins et de fruite.
Disponible sur : <http://www.temploux.be/~vins/vins2/index.php/listedesrecettesconfrerie/169-recette-de-la-confrerie-du-matoufe-de-marche-en-famenne> (consulté le 27/08/2012)

BYHET Brigitte. La dentelle – Historique [en ligne]. Lille : Arborescence, n° 3, 1994.
Disponible sur : <http://www2b.ac-lille.fr/arts-appliques/imartbor/artbo3/art_304.htm> (consulté le 27/08/2012)

Madame HARDOUIN. Dentelle de Venise [en ligne]. Manufacture parisienne des Cotons L.V. et M.F.A., (s.d).
Disponible sur : <http://www.cs.arizona.edu/patterns/weaving/books/albvenise-2.pdf> (consulté le 27/08/2012)

ELSKAMP Max. L’oiseau [en ligne]. Poesee.
Disponible sur : <http://www.poesee.com/fr/poesie/max-elskamp/l-oiseau.html> (consulté le 27/08/2012)

SARLET Daniel. Hotton, Marche-en-Famenne et Nassogne [en ligne]. MARDAGA, 2006, 325 p.
Disponible sur : <http://books.google.fr/books?id=F7ZLP9rnNd4C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false> (consulté le 27/08/2012)

VANDERMAELEN Philippe. Dictionnaire géographique du Luxembourg [en ligne]. Établissement géographique, 1838, 210 p.
Disponible sur : <http://books.google.fr/books?id=k6hrKKORiHEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false> (consulté le 27/08/2012)

Les Pémanes dans l’histoire [en ligne]. Carnaval de la Grosse Biesse.
Disponible sur : <http://www.carnaval.marche.be/index.php?option=com_content&view=article&id=250:les-pemanes-dans-lhistoire&catid=76:les-pemanes&Itemid=24> (consulté le 27/08/2012)

Épitaphes:

Artisans : la main et l’outil : le travail des hommes en 366 proverbes et dictons. Sayat : Éditions de Borée, 2006, 722p.

LEGRAND D’AUSSY Pierre-Jean B. Fabliaux ou contes du XIIe et du XIIIe siècle, fables et romans [en ligne]. Université d’Oxford, 2006, p. 432.
Disponible sur : <http://books.google.fr/books?id=ypjfvit39xQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false> (consulté le 13/09/2012)

Liens utiles

Site officiel de la Province de Luxembourg : http://www.province.luxembourg.be/fr

Site de la Maison du Tourisme de Marche & Nassogne : http://www.maisontourisme.nassogne.marche.be/index.htm

Site officiel de Marche-en-Famenne : http://www.marche.be/

Site du comité des fêtes de Marche: http://wwwcomitedesfetes.marche.be

À écouter :

François Mazy, air d’accordéon